Brandir

verbe trans

Définitions de « brandir »

Trésor de la Langue Française informatisé

BRANDIR1, verbe trans.
A.− [L'obj. désigne le plus souvent une chose concr.]
1. Lever, tenir en l'air et parfois agiter à bout de bras :
1. C'est une salle ténébreuse d'où s'exhale une odeur de terre. Elle est garnie d'idoles, qui, des trois côtés de la pièce disposées sur deux files, brandissent des épées, des luths, des roses et des branches de corail : ... Claudel, Connaissance de l'Est,1907, p. 31.
P. métaph. :
2. ... une sainte victoire de Samothrace approche, sur sa galère en marbre, que brandit la plus claire vague. Valéry, Correspondance[avec Gide], 1892, p. 159.
2. En partic.
a) [Avec l'idée de défi, de menace; l'obj. désigne une arme] Brandir une arme; brandir une épée, un sabre, une hache, un bâton (Ac. 1835-1932) :
3. On vit soudain apparaître Les centaures au beau crin; Tout couronnés de verdure, Ils brandissaient une dure Pique faite de sapin. Moréas, Iphigénie,1900, IV, 1, p. 119.
P. métaph. :
4. L'enfant revient; surpris, il voit la plante grasse Sur les débris du pot brandir ses verts poignards; T. Gautier, Premières poésies,1872, p. 225.
[L'obj. désigne la main, le poing, le bras, etc.] :
5. Les petits enfants eux-mêmes − détail panique! − hurlent à la mort et brandissent leurs faibles bras contre la poitrine saccagée de l'agneau divin. Bloy, Journal,1892, p. 19.
b) [Avec l'idée de faire voir un objet, d'attirer l'attention sur lui] Brandir un fanion, un drapeau :
6. ... Barbentane arriva, très agité, brandissant les feuilles du soir : « Tu as lu les journaux? Non? Même pas ce matin? » Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 212.
P. métaph. :
7. Au nord les usines arborent Leur souffle en guise de drapeau, Et se servent des cheminées, Pour brandir parallèlement Les héroïques fumées noires. Romains, La Vie unanime,Sans moi, je suis, 1908, p. 177.
c) Emploi pronom., p. métaph. :
8. À l'immense éclat du Sanctus, il [Marchenoir] se redressait, il se brandissait lui-même jusqu'aux cieux dans l'ivresse rédemptrice de cette louange œcuménique. Bloy, Le Désespéré,1886, p. 305.
B.− Au fig. [L'obj. désigne une chose abstr. (proposition, objection, opinion, doctrine, etc.)] Présenter avec force et insistance :
9. ... si tu m'as brandi tel acte en exemple, c'est pour y loger ta réprobation et la transporter en autrui. Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 948.
Spéc. [L'obj. désigne une menace, un danger, un événement désagréable] :
10. Quelle vengeance soulèvera donc les montagnes et fera sortir de leur lit les rangs de la mer? Que ne puis-je brandir Une malédiction efficace sur ce peuple comme je leur lance Ceci! Claudel, Tête d'Or,1reversion, 1890, 2epart., p. 101.
11. ... elle [Madame Héronde] nous a rendu comme ça, des « petits bavoirs » en broderie qu'on attendait comme édredons... C'était alors des drames pépères... La cliente en bouffait sa morve, et brandissait les tribunaux! Céline, Mort à crédit,1936, p. 154.
12. ... le 5 décembre, le conseil exécutif ajourna sa décision; puis le procès du roi, comme on l'a vu, finit par inciter des Girondins à brandir la menace du péril extérieur. G. Lefebvre, La Révolution fr.,1963, p. 301.
Rem. On rencontre dans la docum. les dér. a) Brandisseur, subst. masc. (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 13). Celui qui brandit un objet. b) Brandissage, dans le syntagme brandissage de qqc. pour signifier « action, geste de brandir quelque chose ». Synon. brandissement. Agitation d'éventails, brandissage et usage du lorgnon (Verlaine, Confessions, 1895, p. 80).
PRONONC. : [bʀ ɑ ̃di:ʀ], (je) brandis [bʀ ɑ ̃di].
ÉTYMOL. ET HIST. − Ca 1100 « agiter (une arme) d'une manière menaçante » (Roland, éd. J. Bédier, 722), qualifié de ,,vieux`` de Ac. 1694 à Ac. 1798; 1829 p. ext. « agiter qqc. (p. ex. pour attirer l'attention) » (Béranger, Chansons, p. 70). Dér. de l'a. fr. brand* « épée »; dés. -ir. Les corresp. rom. sont empr. à l'a. fr. ou à l'a. prov. brandir (xiies. dans Rayn.) ce qui confirme l'orig. gallo-romane de cette famille de mots dans la Romania, v. brand « épée ».
STAT. − Fréq. abs. littér. : 497. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 203, b) 825; xxes. : a) 1 271, b) 731.
BRANDIR2, verbe trans.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
Prononc. : [bʀ ɑ ̃di:ʀ], (je) brandis [bʀ ɑ ̃di]. Étymol. et Hist. 1690 charpent. (Fur.). Peut-être p. ext. de brandir1* en raison de l'anal. de forme entre une épée et une grande cheville, celle-ci étant assujettie en frappant.
BBG. − Gohin 1903, p. 311.
Source : CNRTL

Wiktionnaire

Français

Verbe

brandir \bʁɑ̃.diʁ\ transitif 2e groupe (voir la conjugaison)

  1. Agiter dans sa main une arme, comme si on se préparait à frapper.
    • À peine s’est-elle montrée, que brandissant le crucifix à deux mains, de toute la hauteur de mes bras, je le laisse retomber lourdement sur la tête de Carmen. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : La Chanson de Carmen (1882))
    • […] elle ne signait pas en vain Nieuport-la-Noble ; elle ne portait pas pour rien sur son blason un lion lampassé issant d’une nef et brandissant une hallebarde. — (Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, p.103)
    • La Mort brandit la longue faux
      D'agronome
      Qu'elle serrait dans son linceul
      Et faucha d'un seul coup, d'un seul
      Le bonhomme.
      — (Georges Brassens, Oncle Archibald, in Je me suis fait tout petit, 1956)
    • C'est vrai, nous n’en menions pas large, surtout, surtout que... Saint-Nicolas était accompagné de cet horrible père fouettard, noir, sale qui hurlait en brandissant ses verges dans notre direction. — (Patrick Hilaire, Petit Guillaume : La veillée d'avant Noël, Éditions Le Manuscrit, 2005, page 116)
    • (Par métonymie)Et il descendit de sa chaire, plus rouge et plus excité que jamais, les yeux lançant des éclairs et brandissant vers la nef un poing terrible et vengeur. — (Louis Pergaud, Le Sermon difficile, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
  2. (Sens figuré) Ériger une chose de façon ostentatoire.
    • L’aide tient tête à un flot envahissant de jeunes gens résolus, en chapeaux melons et cravates conquérantes, qui brandissent des carnets de notes ou soulèvent des appareils photographiques. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 32 de l’édition de 1921)
    • Lorsqu’arrivait le mois de septembre et que chaque branche de cotonnier brandissait sa houpette blanche, Zariffa et Ahmed Abdou prenaient part à la cueillette, ainsi que tous les habitants du village. — (Out-el-Kouloub, « Zariffa », dans Trois Contes de l’Amour et de la Mort, 1940)
    • Et vous, Mr Bolden, fit-il encore en brandissant la bague, ça vous tenterait, une jolie broquille comme ça ? — (Alain Gerber, Louie, Fayard, 2002)
    • Plusieurs dizaines d’autostoppeurs levaient le pouce tout le long de la bretelle d’accès, brandissant des pancartes où s'étalaient les noms de grandes villes du nord. — (Joahn Heliot, Ciel, tome 1 : L'Hiver des machines, Saint-Herblain : Gulf Stream Éditeur, 2014)
  3. (Art) Affermir deux pièces de bois l’une contre l’autre, sans qu’elles soient entaillées, ce qui se fait au moyen d’une cheville qui les traverse.
    • Brandir un chevron sur la panne.
Source : Wikitionnaire

Littré (1872-1877)

brandir

(bran-dir) v. a.
  • 1Agiter dans sa main avant de lancer ou de frapper. Brandir un javelot, une épée. Ce noble mortel Marche en brandissant Un sabre innocent, Béranger, Carabas.

    Fig. Puis, quand ce trône ose brandir son foudre. De vieux fusils l'abattent en trois jours. Béranger, Adieu chansons.

  • 2 Terme de charpentier. Arrêter, affermir, au moyen d'une cheville, deux pièces de bois l'une contre l'autre.

HISTORIQUE

XIe s. [La lance] Par tel aïr estroussée et brandie, Ch. de Rol. LV. [Il] Empeint [empoint] le bien, fait lui brandir le corps, ib. XCI. [Il] brandist son cop, et li Sarrazins chet, ib. CXVI.

XIIe s. Par tel vertu [il] l'a [la lance] crolée et brandie, Ronc. p. 33. À tant s'en torne, s'a son escu saisi ; Ce fut mervelle, quant il nul n'en feri, Et ne porquant s'ot il l'espieu brandi, Raoul de C. 87.

XIIIe s. Lors vint un vilein o sa lance ; Si li refet une envaïe, As deux meins l'a forment brandie, Parmi le cors le volt ferir, Ren. 21858. Et Franchise qui bien s'en cuevre, Brandist la hante de sa lance, Et contre le vilain la lance, la Rose, 15545.

XIVe s. Eau se bat contre feu ; contre eau Feu brandist et fouldre et carreau, Trait. d'Alchim. 142.

XVIe s. Elles n'ont que la guerre empreinte en leurs courages, Le brandir de la pique, et de bien manier Sur le sablon poudreux un beau cheval guerrier, Ronsard, 844.

Source : Dictionnaire Littré

Étymologie de « brandir »

Depuis l’ancien français, de brand (« épée »)[1], lui-même du germanique brand (« tison »). → voir branler et brandon.
Source : Wikitionnaire

Brand ; provenç. brandir et brandar ; espagn. et portug. brandir ; ital. brandire. Brandir, c'est agiter comme un brand, comme une épée.

Source : Dictionnaire Littré

Phonétique du mot « brandir »

Phonétique Prononciation
\bʁɑ̃.diʁ\
France : écouter « brandir [bʁɑ̃.diʁ] »
Suisse (canton du Valais) : écouter « brandir »
France (Toulouse) : écouter « brandir »
France (Lyon) : écouter « brandir »
France (Vosges) : écouter « brandir »
France (Saint-Étienne) : écouter « brandir »
Source : Wikitionnaire

Fréquence d'apparition du mot « brandir »

Source : Google

Traductions du mot « brandir »

Langue Traduction
English brandir
German brandir
Spanish brandir
Portuguese brandir
Italian brandir
Dutch brandir
Polish brandir
Russian брендир
Source : DeePL

Synonymes de « brandir »