Bredouiller

verbe

Définitions de « bredouiller »

Trésor de la Langue Française informatisé

BREDOUILLER, verbe.
A.− Emploi intrans. Parler de façon précipitée et confuse, sans articuler. Bredouiller de colère, d'émotion, de plaisir. Synon. bafouiller*, balbutier*, bégayer* :
1. Il était assis à une table près d'un homme qui, avec la majesté des infirmes ou encore des poètes, était bègue et bredouillait, ayant une extrême volonté de parler... Jouve, La Scène capitale,1935, p. 35.
[En incise] Cf. Bernanos, La Joie, 1929, p. 642 et 645.
P. ext., au fig., rare
1. Percevoir (des sons) confusément. Notre ouïe peut-être, si l'on peut dire, bredouillait un peu (A. Arnoux, Rhône, mon fleuve,1944, p. 108).
2. S'exprimer par écrit de façon maladroite :
2. On s'étonne qu'aucun écrivain, qu'aucun historien − sauf Quicherat − qu'aucun poète n'ait pu parler de Jeanne d'Arc, sans bredouiller misérablement. L. Daudet, Le Rêve éveillé,1926, p. 122.
B.− Emploi trans. Dire (quelque chose) de manière précipitée et peu distincte. Bredouiller une phrase, des excuses, une prière :
3. − Tu ne m'as pas compris! dit Albert, cherchant à la consoler, avec une voix tendre, des caresses, des mots bredouillés. Chardonne, L'Épithalame,1921, p. 287.
[L'obj. est une prop. complétive, introd. par que] Désirée bredouilla qu'elle aussi était sur le point d'agir de même (Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 304).
P. ext., au fig., rare
1. Parler un peu, et mal (une langue). Bredouiller le latin (Lar. Lang. fr.).
2. Exécuter (un travail) avec précipitation et sans habileté. L'œuvre comateuse qu'il [le peintre Signol] a bredouillée sur les murailles de Saint-Sulpice (Huysmans, L'Art mod.,1883, p. 90).
3. Interpréter (un fragment d'œuvre musicale) d'une manière maladroite :
4. ... elle en prenait son parti, allait s'asseoir au piano, d'un petit air décidé, et galopait son rondo, à la diable, bredouillant des passages, à d'autres pataugeant, s'interrompant, tournant la tête, disant avec un sourire : − Ah! je ne me souviens plus... R. Rolland, Jean-Christophe,Antoinette, 1908, p. 841.
Il est laid, (...) l'accent plutôt cul-terreux que faubourien, traînard et bredouillard (Verlaine, Mes hôpitaux,1891, p. 345).Ce petit Romain, chéti, bredouillon (A. Daudet, L'Évangéliste,1883, p. 50).
PRONONC. : [bʀ əduje]. Pour [λ] mouillée et yod cf. bredouille.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1564 (Thierry, Dict. fr.-lat., Paris). Issu par substitution de suff. (-ouiller*) de l'a. fr. bredeler « id. » attesté au xiiies. (G. de Coincy, Mir., 485, 128 dans T.-L.) qui remonte prob. avec suff. -eler* à l'étymon brittus « breton », v. berdiner et bretonnant; cf. aussi m. fr. bretter « marmotter » (2emoitié du xves., Farce de Pathelin, 433 dans Sain. Sources t. 2, p. 443); pour le -d- de bredeler, v. berdiner.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 206. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 34, b) 149; xxes. : a) 473, b) 479.
DÉR. 1.
Bredouillard, adj. masc.,péj. Qui bredouille (v. -ard I C). Cf. bredouillant II, bredouille2A 1, bredouilleur, bredouillon (infra).Il est laid, (...) l'accent plutôt cul-terreux que faubourien, traînard et bredouillard (Verlaine, Mes hôpitaux,1891, p. 345). 1reattest. 1611 (Cotgr.) − 1642 (Oudin, Recherches ital. et françoises, 2epart., Paris); dér. de bredouiller, suff. -ard*. Fréq. abs. littér. : 2.
2.
Bredouillon, adj. et subst. masc.,rare et région. (Celui) qui bredouille; ,,diminutif de bredouille`` (J. Humbert, Nouv. gloss. genevois, 1852, p. 63). Cf. bredouillant II, bredouillard (supra), bredouille2A 1 et 2, bredouilleur.Ce petit Romain, chéti, bredouillon (A. Daudet, L'Évangéliste,1883, p. 50). Terme de Suisse romande, attesté au sens de « qui bredouille » et de « garçon bavard » dans le Pays de Vaud (Pat. Suisse rom.), et de « qui travaille sans suite et sans soin » dans le Pays de Vaud et le canton de Genève (ibid. et J. Humbert, loc. cit.); dér. de bredouiller, suff. -on*.
BBG. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 226; t. 2 1972 [1925], p. 315; t. 3 1972 [1930], p. 446. − Schuchardt (H.). Romanische Etymologien. Sitzungsberichte der philosophisch-historischen Klasse der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften, 1899, t. 141, p. 202.
Source : CNRTL

Wiktionnaire

Français

Verbe

bredouiller \bʁə.du.je\ intransitif ou transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Parler d’une manière précipitée et peu distincte.
    • Le vieux Smallways, assis au coin du feu, bredouillant entre ses dents, célébrait la grandeur des temps passés […] — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 12 de l’édition de 1921)
Source : Wikitionnaire

Littré (1872-1877)

bredouiller

(bre-dou-llé, ll mouillées, et non bre-dou-yé)
  • 1 V. n. Avoir une prononciation précipitée et par cela même peu distincte. Mme de la Baroir bredouille d'une apoplexie ; elle fait pitié, Sévigné, 282. Ces deux médecins de Molière, l'un qui allonge excessivement les mots et l'autre qui bredouille, ne laissent pas d'observer également la quantité, D'Olivet, Prosod. franc.
  • 2 V. a. Il me bredouilla l'autre jour mille protestations, Sévigné, 302. J'entends Théodecte de l'antichambre ; il grossit sa voix à mesure qu'il s'approche… il ne revient de ce grand fracas que pour bredouiller des vanités et des sottises, La Bruyère, 5. De plus en plus étourdis d'une scène si extraordinaire, ils bredouillèrent ce qu'ils purent, mais sans rien promettre, Saint-Simon, 263, 14.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BREDOUILLER. Ajoutez : - HIST. XIIIe s. Ainz c'on ait dit deus misereles [misérérés], Ont il dites et murmulées, Bauboiées et bredelées Et leur heures et leur matines, Gautier de Coinsy, les Miracles de la sainte Vierge, p. 485 (abbé Poquet) Que bredeler représente bredouiller, cela est prouvé par le picard, qui dit encore aujourd'hui berdeler.

Source : Dictionnaire Littré

Étymologie de « bredouiller »

Selon le Dictionnaire d’étymologie française, ce verbe vient de l’ancien français braidir ou bredir (« chanter, gazouiller ») apparenté à « braire ». Certains linguistes le rattachent au celtique broe (« verbiage » ou « broiement »). D’autres le rattachent à une racine germanique et le comparent à l’allemand brodeln, braudeln, bradeln qui exprime la même chose.
Enfin, « breter » c’est-à-dire « parler comme un Breton », (donc, de façon incompréhensible pour un Français) n’est pas à exclure. Voir « baragouiner » comme autre exemple.
Le français aime employer le suffixe -ouiller pour former des verbes exprimant une succession rapide de mouvements ou de sons : « gazouiller, chatouiller, cafouiller, farfouiller, bafouiller », etc.
Source : Wikitionnaire

D'après Diez, de l'ancien français bredir, bresdir, hennir ; provenç. braidir, crier, qui paraît être une dérivation de braire ; étymologie douteuse. Génin, Récréat. t. I, p. 280, propose la particule péjorative bre ou ber, et douille, gonflé, rebondi (si tost come il entra en cloistre, Doulles de vin et escaufés, DU CANGE, doela) ; ce qui est très hypothétique et explique bien mal le mot. Le fait est que le picard et le rouchi ont berdeler, gronder entre ses dents, qu'on dit encore en différents endroits, et bredasse pour bredouilleur : de sorte qu'il paraît y avoir eu un radical berd ou bred, sans qu'on sache s'il a quelque rapport avec l'ancien bredir. Ce qui est digne de remarque, c'est que nulle part on ne rapporte un exemple ancien de bredouille ou bredouiller.

Source : Dictionnaire Littré

Phonétique du mot « bredouiller »

Phonétique Prononciation
France (Occitanie) : écouter « bredouiller »
France (Lyon) : écouter « bredouiller »
Suisse (canton du Valais) : écouter « bredouiller »
Source : Wikitionnaire

Fréquence d'apparition du mot « bredouiller »

Source : Google

Traductions du mot « bredouiller »

Langue Traduction
English stutter
German stammeln
Spanish tartamudea
Portuguese gaguejar
Italian balbuzie
Dutch stotteren
Polish jąkanie
Russian заикаться
Source : DeePL

Synonymes de « bredouiller »

Antonymes de « bredouiller »