Licencier

verbe trans

Définitions de « licencier »

Trésor de la Langue Française informatisé

LICENCIER1, verbe trans.

A. − [Le compl. désigne un soldat ou une unité militaire] Troupes (...) licenciées par la paix (Staël, Lettres L. de Narbonne,1793, p. 195).Après Waterloo, Bugeaud, jeune et brillant colonel est licencié par le gouvernement royal et croit sa carrière finie (Maurois, Dialog. commandement,1924, p. 159):
1. ... Washington, généralissime et vainqueur, n'avait qu'un mot à dire ou un signe de tête à faire pour être dictateur; il fit ce que lui seul avait le pouvoir d'accomplir : il licencia l'armée et donna sa démission. Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p. 205.
Rare, emploi pronom. réfl. Le plus grand nombre, mutinés à la porte de sa tente, veulent qu'on les paye, ou bien ils se licencieront (Barrès, Appel soldat,1900, p. 177).
B. − [Le compl. désigne un élève, un groupe d'élèves, une école] Azaïs a dû licencier la pension − momentanément, dit-il (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1246).Quand la peste ravageait la ville, et qu'on licenciait les enfants des collèges (Brasillach, Corneille,1938, p. 20).
C. − [Le compl. désigne un salarié ou un ensemble de salariés] J'ai débuté il y a deux jours. Il paraît que l'ancienne secrétaire a été licenciée (Camus, Cas intéress.,1955, 1ertemps, 1ertabl., p. 605):
2. Je lui demandai si la crise des affaires se faisait sentir dans la maison où il travaillait. Il me répondit qu'on avait licencié une partie du personnel, mais que lui ne risquait rien. Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 204.
Part. passé en emploi subst. Protocole d'accord (...) sur l'indemnisation des 670 licenciés (L'Est Républicain,20 nov. 1982, p. région., col. 5).
D. − P. anal. Le plus simple est de licencier le problème. Nous ne possédons pour le résoudre que les moyens de l'imagination pure (Valéry, Variété [I], 1924, p. 128).
Prononc. et Orth. : [lisɑ ̃sje], (il) licencie [lisɑ ̃si]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xives. « [rendre libre] congédier, renvoyer » ici, un haut personnage disgracié (Froissart, Chron., IV, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 14, p. 321); 1565 des domestiques (Édit du roi pour contenir les serviteurs ds Variétés hist. et litt. éd. P. Jannet, t. 7 [et non 6 Gdf. Compl.] p. 207); 2. 1611 pronom. « se rendre trop libre, s'affranchir » (E. Pasquier, Rech., VIII, 3 ds Gdf. Compl.); av. 1704 id. « s'accorder trop de liberté (dans la conduite) » (Bourdaloue, Exhort. sur l'obs. des règles, t. 1, p. 223 ds Littré); id. trans. licencier le cœur (Id., Sévérité chrét., 2 ds DG); 3. 1655 « s'affranchir de, refuser (quelque chose) » (Molière, Étourdi, V, 11). Empr. au lat. médiév.licentiare « licencier, congédier » (xiies. Pierre de Blois ds Blaise Latin. Med. Aev.) et « permettre » (av. 1240 ds Nierm.), le sens 2 ayant subi l'infl. de licence* « abus de liberté ».

LICENCIER2, verbe trans.

Prononc. et Orth. : [lisɑ ̃sje], (il) licencie [lisɑ ̃si]. Att. ds Ac. 1694-1878. Étymol. et Hist. V. licencier1. Fréq. abs. littér. Licencier1 et 2: 108.
Source : CNRTL

Wiktionnaire

Français

Verbe

licencier \li.sɑ̃.sje\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se licencier)

  1. Congédier un employé.
    • Au bout de cette année, il annonça à son unique vieux serviteur, son intention de le licencier :
      "Laissez-moi mourir ici", dit le serviteur.
      — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
    • Dès 1989, la caisse populaire de Cissin va connaître un début de détournement avec la collusion du gérant et du président de la caisse. Le gérant est licencié et les organes dirigeants suspendus. — (La microfinance en Afrique de l'Ouest: histoires et innovations, Khartala, 2008, page 28)
    • Il y a deux catégories de chercheurs qui ne cherchent plus. Ceux qui ont trouvé, en général multirécompensés, qui passent leur temps à intervenir dans des émissions télévisées et finissent conseillers du gouvernement. Et ceux qu’on a licenciés, nettement moins demandés. — (Laurent Bénégui, Mon pire ennemi est sous mon chapeau, Julliard, 2012, chapitre 3)
  2. (Militaire) Congédier des troupes.
    • Coletti est tout-puissant sur l’armée irrégulière, […], et plus que tout autre, il pourrait en opérer la dissolution, si l’on prenait le parti de la licencier. — (Anonyme, Grèce. - Administration intérieure, Revue des Deux Mondes, 1829, tome 1)
  3. Donner un congé temporaire.
    • C’est là sans doute que toute la famille passa de nombreux étés, en ces années si dures du début du siècle, quand la peste ravageait la ville, et qu’on licenciait les enfants des collèges. — (Robert Brasillach, Pierre Corneille, Première partie, chapitre I, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1938, page 20)
  4. (Commerce) Céder le droit de commercer en licence de fabrication.
    • Située à Carlsbad en Californie et spécialisée dans la fabrication d'équipement de golf, cette compagnie fabrique des bois, des fers, des wedges, des putters, des balles de golf et licencie son nom pour ce qui concerne l'habillement, les chaussures, les chronomètres et les accessoires. — (Petit Futé : 52 week-ends de golf, Nouvelles Éditions de l'Université, 2009, p. 22)
  5. (Pronominal) (Familier) S’inscrire, prendre une licence auprès d’un organisme sportif ou culturel.
    • Pourquoi se licencier ? - Se licencier dans un club de triathlon.

Anagrammes

→ Modifier la liste d’anagrammes

  • Cléricien, cléricien

Voir aussi

  • licencier sur le Dico des Ados
Source : Wikitionnaire

Littré (1872-1877)

licencier

(li-san-si-é), je licenciais, nous licenciions, vous licenciiez ; que je licencie, que nous licenciions, que vous licenciiez v. a.
  • 1Congédier. Après la paix on licencia une partie de l'armée. Le roi n'aime pas qu'on le serve par force ; allez, je vous licencie, Lesage, Est. Gonz. ch. 46. Le cordelier Ganganelli, devenu pape, détruisit l'ordre entier [des jésuites] par une bulle ; et, après avoir soutenu pendant deux cents ans que le pape pouvait tout, les jésuites furent obligés de soutenir peu à peu qu'il ne peut même licencier un régiment de moines, Voltaire, Hist. parl. ch. LXXIII.
  • 2Rejeter, refuser (vieilli en ce sens). Mais en vain son dépit pour ses fautes commises Lui fait licencier mes soins et mon appui, Molière, l'Ét. V, 11.
  • 3Se licencier, v. réfl. S'accorder trop de liberté, passer les bornes de la discrétion, du devoir. Et les politiques qui se sont le plus licenciés… ont estimé toute sorte de sujétion… peu compatible avec la royauté, Guez de Balzac, 7e disc. sur la cour. Ce vermillon nouveau qui colore ta joue, M'invite expressément à me licencier, Corneille, Clit. V, 3 (1res édit. jusqu'à 1644). Quoi ! ta bouche se licencie à te donner encore un nom que je défends ! Molière, Amph. III, 7. Plus elles chercheront à s'émanciper et à se licencier, plus elles seront exposées aux mécontentements et aux ennuis, Bourdaloue, Exhort. sur l'obs. des règles, t. I, p. 223. Il [l'avocat] tint trois audiences en beaucoup de fatras, et, à la quatrième, il se licencia fort sur nos avocats, Saint-Simon, 36, 159. Il revint au roi qu'on s'était licencié chez elle [la duchesse de Portsmouth], et elle-même, de parler fort librement de lui et de Mme de Maintenon, Saint-Simon, 127, 149.

REMARQUE

On dit, avec un infinitif, ordinairement se licencier à, et, quelquefois, se licencier de.

HISTORIQUE

XVe s. Quant messire Pierre de Craon se vit ainsi licencié [congédié], si fut tout honteux ; et prit ce en grand felonnie et despit, Froissart, III, IV, 21. Un clerc licencié en droit qui estoit archidiacre de Lussebonne, Froissart, II, III, 18. Et quant vient au licencier [à faire un licencié]…, Deschamps, Poésies mss. f° 451.

XVIe s. Pourtant vouloyt-il translater leurs festes en hyver, les licenciant de gresler lors et geler tant que ilz vouldroyent, Rabelais, Pant. III, 33. Sous l'ombre d'estre mal payez, ils se licentient à actions violentes et infames, Lanoue, 106. Mes discours me licencieroient aysement à des actions que cette naturelle inclination me faict haïr, Montaigne, II, 124. Licencié sous la cheminée, Cotgrave Qu'il me trouvast une occasion de parler à la reine pour me licencier d'elle [prendre congé], Bassompierre, Mém. t. I, p. 392, dans LACURNE. Un bedeau de nostre université ayant leu l'edit de paix, où il estoit dit que touz estrangers seroient licentiez, tant d'une part que d'autre, il s'en vint aux docteurs, leur disant : messieurs, regardez de faire bonne composition des licences, nous gaignerons ce que nous voudrons ; car le roy veut que touz estrangers, tant d'une religion que d'autre, soient licentiez, Bouchet, Serées, liv. III, p. 253, dans LACURNE. Je ne veux rien d'amour, fors qu'il me licencie ; Je l'ay suivy dix ans, les plus beaux de ma vie, Desportes, Cléon. LXXXVII.

Source : Dictionnaire Littré

Étymologie de « licencier »

Du latin licentiare.
Source : Wikitionnaire

Licence ; provenç. et espagn. licenciar ; ital. licenziare.

Source : Dictionnaire Littré

Phonétique du mot « licencier »

Phonétique Prononciation
\li.sɑ̃.sje\
France : écouter « licencier [li.sɑ̃.sje] »
Suisse (canton du Valais) : écouter « licencier »
Source : Wikitionnaire

Fréquence d'apparition du mot « licencier »

Source : Google

Traductions du mot « licencier »

Langue Traduction
English licensor
German Lizenznehmer
Spanish licencier
Portuguese licenciador
Italian licenziatario
Dutch licentiehouder
Polish licencjodawca
Russian лицензиар
Source : DeePL

Synonymes de « licencier »

Antonymes de « licencier »