Lichotter
verbe
trans
Sommaire
Définitions de « lichotter »
Trésor de la Langue Française informatisé
LICHER, verbe trans.
A. − Lécher. V'là ç'te pauv' Nioule qui s'en allait... licher son doigt dans la cour! (Martin du G., Gonfle,1928, II, 4, p. 1202).Pendant qu'il se livre à cette opération, Zazie liche la mousse de son demi (Queneau, Zazie,1959, p. 67).
B. − P. ext.
Un homme qui s'est laissé mourir à force de lichotter (Huysmans, Marthe,1876, p. 135).Il lichotte le couteau de la guillotine avec sa langue (Vallès, J. Vingtras, Insurgé,1885, p. 138).1. Embrasser. Synon. bécoter.C'est-i ta sœur, la femme aussi, que tu lichais à tomber de cheval? (La Varende, Dern. fête,1953, p. 306).
− Emploi pronom. Tous les jours, c'est pareil : ça se liche, ça ferme la fenêtre et on ne voit plus rien (Colette, Cl. école,1900, p. 104).
2. Boire, manger, généralement avec excès, avec gourmandise. Elles lichaient ainsi la goutte, sur un coin de l'établi (Zola, Assommoir,1877, p. 645):
Vautré sur le pont, il serre étroitement dans ses bras, comme s'il était en train de prendre le pucelage d'une fille, un demi-muid de vin de Samos, dont il a fait sauter la bonde et il liche avec des cris de jouissance ce vin qui dégouline et qui gicle. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 169.
− Emploi abs. Faire bombance. V. benoît ex. 6.
3. Région. (Canada).
a) Chercher à obtenir quelque chose par la flatterie. Licher une place (Canada1930).
b) Licher le cul. Flatter (un supérieur). Synon. faire de la lèche*.Pis tu penses que j'tai pas entendu, quand t'as parlé d'moé, quand t'as dit qu'j'lichais l'cul d'mon grand patron anglais pour qu'y donne une job à mon fiston? (J. Barrette, Dis-moi...,1975, p. 24 ds Richesses Québec, 1981).
Prononc. : [liʃe], (il) liche [liʃ]. Étymol. et Hist. 1. Av. 1486 « lécher » (Guillaume Alexis, Œuvres poétiques, éd. A. Piaget et É. Picot, t. 2, p. 183, 2161); 2. 1772 « boire » (Chanson poissarde d'apr. Larchey, Excentr. lang., 1865, p. 185); 1821 (Desgranges, Pt dict. du peuple à l'usage des 4/5 de la France, Paris); 1885 lichée « petite quantité de liquide » (Vallès, J. Vingtras, Insurgé, p. 286); 3. a) 1880 au Canada « flatter (un supérieur) » (Dunn); b) 1930 « chercher à obtenir (une place) » (Canada). Var. fam. de lécher*. Le -i- apparaît dans les dér. dès le xiies. (lichere, licherie ds le Gloss. Tours, cf. T.-L.); il est prob. dû à l'infl. d'un autre verbe, peut-être lisser, qui est sémantiquement voisin de lécher*, cf. FEW t. 16, p. 462a. Au sens 3, cf. lécher « flatter quelqu'un ». Fréq. abs. littér. : 26.
DÉR.
Lichot(t)er,(Lichoter, Lichotter) verbe trans.,synon. fréquentatif, pop. et fam. Un homme qui s'est laissé mourir à force de lichotter (Huysmans, Marthe,1876, p. 135).Il lichotte le couteau de la guillotine avec sa langue (Vallès, J. Vingtras, Insurgé,1885, p. 138).− [liʃ ɔte]. Lar. Lang. fr. : 1 ou 2 t. − 1resattest. a) 1876 « boire » (Huysmans, Marthe1876, p.135), b) 1885 « lécher à petits coups » (Vallès, loc. cit.); de licher, suff. -oter*, -otter.
BBG. − Sain. Sources t. 3 1972 [1930], p. 298, 433.
Wiktionnaire
Français
Source : Wikitionnaire
Verbe
lichotter \li.ʃɔ.te\ transitif ou intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)
- Boire à petits coups.
- Il y a, paraît-il, un sujet intéressant ; ce matin, on va disséquer un homme qui s'est laissé mourir à force de lichotter ; — (Joris-Karl Huysmans, Marthe : histoire d'une fille, 1955)
- On rencontre l'un, on rencontre l'autre, on va lichotter des boissons exotiques, écouter les tziganes, et l'on n'a rien fait ! — (Joris-Karl Huysmans, Théodore Hannon, Christian Berg, Lettres à Théodore Hannon, 1876-1886, 1985)
- Ça brouillassait dans les vignes, il broussinait. Il avait pas mal lichotté au café, et, un peu derne, il manque de s’empierger dans les échalas et de se rétaler. — (Testez la dictée en parler champenois ! L'Est-Éclair, 5 juin 2009)
- Donner de petits coups de langue.
- Il lichotte le couteau de la guillotine avec sa langue ; il en repasse le fil contre l’eustache d’une éloquence sanguinaire et farceuse ; il se pend, en riant, à la ficelle, comme un singe s’accrochant par la queue au cordon de sonnette du bourreau. — (Jules Vallès, L’Insurgé, G. Charpentier, 1908)
Étymologie de « lichotter »
- De licher, avec le suffixe -otter.
Phonétique du mot « lichotter »
| Phonétique | Prononciation | |
|---|---|---|
| France (Lyon) : écouter « lichotter » |
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Fréquence d'apparition du mot « lichotter »
Source : GoogleTraductions du mot « lichotter »
| Langue | Traduction |
|---|---|
| English | lichotter |
| German | lichotter |
| Spanish | lichotter |
| Portuguese | lichotter |
| Italian | lichotter |
| Dutch | lichotter |
| Polish | lichotter |
| Russian | lichotter |
Synonymes de « lichotter »
Citations du mot "lichotter"
Il n'y a rien de plus méprisable que de lichotter son supérieur.
Voltaire
La flatterie ne discerne ni ne perçoit rien ; elle ne doit inventer que des éloges, des louanges, des fadaises, jamais une observation instructive, jamais une critique. [...] Pour une âme un peu fière et un peu sûre de ses facultés, il n'est pas un supplice comparable à ce lichotter inacceptable.
Honoré de Balzac
L'amitié est une distraction érotique. Elle consiste à lichotter sans le savoir.
Paul Léautaud

