Lisser

verbe trans

Définitions de « lisser »

Trésor de la Langue Française informatisé

LISSER, verbe trans.

I.
A. − Rendre lisse (la surface de) quelque chose. Lisser une étoffe, des plis, des faux plis. Il ramasse la boule de papier, la plie et la lisse de la main droite (Malraux, Conquér.,1928, p. 154).Elle massa chacune de ses joues dans la direction de l'oreille, pour lisser les rides qui descendaient du nez (Montherl., Démon bien,1937, p. 1292):
... son chapeau, tout sillonné de cassures, ne pouvant plus être traité au fer, l'avait été à l'eau. Il l'avait littéralement arrosé pour en lisser le poil rebelle... France, Jocaste,1879, p. 52.
Emploi pronom. réfl. indir. Se lisser la barbe, les cheveux, la moustache. Un corbeau se lissait les plumes, à la pointe d'une aiguille (Zola, Rêve,1888, p. 59).
Part. passé et adj. Cheveux bien lissés. Des moustaches fines et lissées (Roy, Bonh. occas.,1945, p. 156).
Emploi pronom., au fig., rare. Se présenter, s'écouler sans obstacle, sans changement. Le monde s'aplanissait, se lissait autour de nous, et jamais une granulation dans nos pensées (Giraudoux, Bella,1926, p. 76).
B. − Spécialement
1. Dans divers domaines techn. Supprimer les inégalités de surface pour conférer (à un objet, une matière) une apparence lisse et brillante. Lisser du cuir, du papier. Il est bon de ne pas lisser les enduits à la truelle car il se produit des tensions superficielles qui ont pour résultat presque immédiat l'apparition des fentes toujours désagréables (Bourde, Trav. publ.,1928, p. 176).
INDUSTR. ALIM. Brasser le caillé pour l'homogénéiser et le rendre plus onctueux, dans la préparation du beurre, du fromage. En lissant ensuite la masse obtenue après barattage, on peut fabriquer un produit qui, en plus du goût, présente les propriétés onctueuses du beurre naturel (Brunerie, Industr. alim.,1949, p. 51).
Part. passé et parfois adj. Cuir lissé. On choisira du papier de bonne qualité, d'une épaisseur moyenne, parfaitement uni et lissé (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 160).
2. Dans le vocab. de la crit. picturale. Traiter avec une facture lisse. Jean Raoux tenait beaucoup à passer pour un « peintre d'histoire », alors qu'il savait seulement lisser des robes soyeuses et aiguiser de jolis minois (Hourticq, Hist. Art, Fr., 1914, p. 249).
Part. passé et adj. C'est une restitution d'un corps de jeune fille antique [la Source de M. Ingres], restitution peinée, lissée, naïvement bête (Goncourt, Journal,1862, p. 1035).
II. − CONFISERIE. Enduire d'une couche de sucre. Pour faire une belle dragée de couleur, le grossissage, le blanchissage et le remplissage doivent être faits avec beaucoup de soin avant de lisser (E. Duval, Traité de confiserie mod., Paris, Laboureur et Cie, 1948, p. 74).
REM.
Lissage, subst. masc.,confiserie. Opération consistant à lisser, à enduire d'une couche de sucre. Cf. E.Duval, Traité de confiserie mod., Paris, Laboureur et Cie, 1948, p. 74.
Prononc. : [lise]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xies. lischier « repasser (au fer chaud) » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D.S. Blondheim, t. 1, § 649); xiiies. licier (Schlessinger, Die altfranzösischen Wörter im Machsor Vitry, § 56, p. 444); 2. a) 1280-90 leucher « rendre lisse, frotter » (Gautier de Bibbesworth, Traité, éd. A. Owen, 1033); de nouv. xves. [ms.] marbre licé « poli, uni » (Aiquin, éd. J. des Longrais, 2076); 1553 (P. Belon, Observations I, 14 ds R. Philol. fr. t. 43 (1931), p. 194 : La licorne ... est lissee et brunie); b) 1564 « rendre lisse une étoffe,... » (Thierry : lisser ou calendrer de la toile ou autre chose); 3. part. passé a) 1671 amande lissée (Mmede Sévigné, Lettre du 13 mai ds Correspondance, éd. R. Duchêne, t. 1, p. 252) b) 1765 subst. masc. grand, petit lissé (Encyclop.). Prob. issu d'un croisement du lat. lĭxare, proprement « faire cuire dans l'eau; extraire par lixiviation », attesté vers 800 au sens de « repasser, polir » (cf. FEW t. 5, p. 383b) avec allīsus « élimé (en parlant d'étoffe) », d'où la voyelle -i- en gallo-rom. Le fr. lisse1et lisser s'est surtout répandu à partir de la seconde moitié du xviesiècle. Fréq. abs. littér. : 158. Bbg. Wind 1928, p. 87, 182.

LISSE3, subst. fém.

A. − MARINE
1. Pièce de bois servant à maintenir la membrure pendant la construction d'un navire (lisse d'exécution) ou servant de pièce de construction (membrure longitudinale sur certains navires ou dans d'autres parties de la coque). Lisse d'éperon. Les lisses d'exécution sont des ceintures solides qui maintiennent les branches des couples de levée, et indiquent la forme des pièces qui doivent remplir les intervalles entre ses couples; à mesure qu'elles gênent pour appliquer les bordages, on les enlève (Will.1831).L'invariabilité de forme du bordé [d'un navire de guerre] est assurée au moyen d'une ossature (...) composée de membrures transversales, ou couples, et de membrures longitudinales, ou lisses (Croneau, Constr. nav. guerre, t. 1, 1892, pp. 4-5).Voir Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 184, s.v. hourdi(s)2.
En partic. Lisse (d'appui), p. ell. lisse. Pièce de bois servant de garde-fou ou d'appui. Accoudé sur la lisse du vaisseau, mes regards saisissent, pour s'en souvenir, ces formes classiques des montagnes de la Grèce (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 104).John Mangles, penché sur la lisse du gaillard d'arrière, observait la marée (Verne, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 54).
P. anal., AÉRON. Les lisses [d'une coque métallique d'avion] peuvent être des tubes carrés, des profilés en i (...) permettant le rivetage facile du recouvrement (Guillemin, Constr., calcul et essai avions,1929, p. 170).
2. Ligne figurant les différentes sections d'une coque de navire dans le plan perpendiculaire à celui du maître-couple (et servant à la confection des lisses d'exécution). La représentation de la surface [d'un navire, sur un projet] est obtenue (...) en traçant des intersections : Avec trois séries de plans parallèles (...); Avec une série de plans appelés lisses planes (...) qui peuvent rendre des services pour l'étude de la surface (Croneau, Constr. nav. guerre, t. 1, 1892p. 13).
B. − CONSTR. Synon. de lice1(v. ce mot B).
Pièce de bois (ou de béton) assemblée horizontalement sur des poteaux servant de main courante dans un garde-fou ou servant à former une barrière. [Les barrières en menuiserie] sont formées en général de poteaux supportant des lisses en bois (Bricka, Cours ch. de fer, t. 1, 1894, p. 270).
P. méton. Barrière. Une courte avenue de cinquante mètres bordée de lisses blanches (La Varende, Tourmente,1948, p. 56).
En partic. ,,Forte pièce de bois utilisée par les marbriers italiens pour descendre les blocs sur les terrains en pente`` (Noël 1968). Les blocs de marbre sont arrimés côte à côte sur deux lisses que l'on fait glisser sur des traverses en bois soigneusement savonnées (Noël1968
Il (...) frotta au clair les lisses de sa traîne (F.-A. Savard, Menaud, maître-draveur, Montréal et Paris, Fides 1968 [1948], p. 132).
REM.
Lisse, subst. fém.,région. (Canada). a) Rail de chemin de fer. (Ds Dionne 1909, Canada 1930). b) Barre de glissement placée sous un traîneau ou sous les patins d'un traîneau. Il (...) frotta au clair les lisses de sa traîne (F.-A. Savard, Menaud, maître-draveur, Montréal et Paris, Fides 1968 [1948], p. 132).P. méton. Traces laissées par les patins d'un traîneau, les roues dans un chemin (d'apr. Dionne 1909, Canada 1930).
Prononc. et Orth. : [lis]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. [xvies. mar. « ceinture de bois qui, dans un navire en construction, maintient à leur place les coupoles qui doivent former la carcasse » d'apr. Jal1]; 1643 « id. » (Fournier, Hydrographie, Paris, p. 15); 2. 1691 lice « assemblage de pièces de bois servant de garde-fou » (Aviler, Cours d'archit., t. 2, p. 643). Var. graphique de lice1*. Fréq. abs. littér. : 39.
DÉR. 1.
Lissage, subst. masc.Opération de mise en place des lisses; ensembles des lisses d'un navire. (Dict. xixeet xxes.). [lisa:ʒ]. 1reattest. 1832 (Raymond); de lisser, infra, suff. -age*.
2.
Lisser, verbe trans.Poser les lisses d'un navire. Lisser un navire. (Dict. xixeet xxes.). [lise], [il] lisse [lis]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1reattest. 1681 « garnir de lisses (un navire) » (Lettre de Renan l'Eliçagarai, 13 sept. ds Jal1, s.v. coupe); de lisse3, dés. -er. L'anc. lang. atteste également soi licier « se protéger par des palissades » (début xiiies. ds Gdf.); licier « fermer au moyen d'une palissade » (1293-xives., ibid.) et licier « entourer (en général) » (xvies., ibid.).
Source : CNRTL

Wiktionnaire

Français

Verbe

lisser \li.se\ transitif ou pronominal 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Rendre lisse.
    • Comme il avait dû prendre les billets un par un, les appliquer symétriquement l’un contre l’autre, les lisser de la main, les égaliser de façon à ce qu’aucun ne dépassât ! — (Octave Mirbeau, Lettres de ma chaumière : La Tête coupée, A. Laurent, 1886)
    • Par un mystérieux tour de force, il avait réussi à se raser et à lisser ses cheveux dorés. Son visage était tout à fait séraphique. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 262 de l’édition de 1921)
    • Le vif tenait encore bon à l’entrée du bras. Puis, après quelques bouillons et retours de remous, un friselis de vaguelettes courait sur la gravière, avant de se lisser en eau morte. — (Alain Demouzon, La Pêche au vif, 1977, chapitre 4)
  2. (Québec) Rendre uni, homogène, pareil.
    • Comme s’il fallait encore plus lisser nos valeurs, plusieurs ont reproché au PQ de ne pas se présenter sur les Plaines. — (Réjean Parent, Au Québec, il y a de moins en moins de ferveur pour la nation..., Le Journal de Québec, 27 juin 2023)
Source : Wikitionnaire

Littré (1872-1877)

lisser [1]

(li-sé) v. a.
  • 1Rendre lisse. Lisser la poudre. Je ne te verrai plus, près des saules humides, Lisser ton blanc plumage aux rayons d'un jour pur, Millevoye, la Colombe.

    Lisser la laine, l'ouvrir dans la teinture en la remuant avec des perches ou lissoirs pour lui faire prendre également la couleur.

    Terme de confiseur. Couvrir d'un enduit de sucre.

  • 2Se lisser, v. réfl. Se rendre lisse. Le chat se lisse en se léchant.

HISTORIQUE

XVIe s. Les mousches ne se peuvent tenir contre les endroicts des miroirs qui sont bien lissez, Amyot, De la tranq. d'âme, 31. Lorsque les pierres sont licées et polies, Paré, XV, 37.

Source : Dictionnaire Littré

Étymologie de « lisser »

(XIe siècle) Attesté sous la forme lischier et le sens de « repasser (au fer chaud) » dans les gloses de Rachi ; probablement issu du croisement du latin lixare (« faire cuire dans l'eau, extraire par lixiviation ») : le repassage et lissage se faisaient à l’eau chaude ; avec le latin allisus (« élimé ») pour lisse. Le mot ne s’est réellement répandu qu’à partir du XVIIe siècle.
Le radical latin lixa de ce mot est le même que dans lessive, lessiver.
Source : Wikitionnaire

Lisse 1 ; ital. lisciare.

Source : Dictionnaire Littré

Phonétique du mot « lisser »

Phonétique Prononciation
France (Lyon) : écouter « lisser »
Source : Wikitionnaire

Fréquence d'apparition du mot « lisser »

Source : Google

Traductions du mot « lisser »

Langue Traduction
English lisser
German lisser
Spanish lisser
Portuguese lisser
Italian lisser
Dutch lisser
Polish lisser
Russian lisser
Source : DeePL

Synonymes de « lisser »

Antonymes de « lisser »