Vaguer

verbe intrans

Définitions de « vaguer »

Trésor de la Langue Française informatisé

VAGUER1, verbe intrans.

A. − Vieilli ou littér. Errer çà et là, aller au gré de sa fantaisie, sans but précis. Synon. divaguer.Vaguer à travers la ville; il est interdit de laisser vaguer les animaux. Ils songèrent à l'estaminet Saint-Éloi, y acceptèrent une tournée du porion Richomme, vaguèrent dès lors de débit en débit, sans prétexte, histoire uniquement de se promener (Zola, Germinal, 1885, p. 1264).[Les bergers] vaguent le jour, de pâturage en pâturage, leurs chiens aux talons (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 236).
P. métaph. Ce soir-là, on voyait vaguer la lune (Tharaud, Fez, 1930, p. 36).
B. − Au fig., littér.
1. [Le suj. désigne l'esprit, le regard] Ne pas se fixer, se porter sans cesse d'un objet à l'autre. Synon. divaguer, flotter, vagabonder.Laisser vaguer son imagination, ses pensées. Les yeux du mourant, qui vaguaient, effleurent Cécile, puis MmePasquelin, et soudain se fixent sur Jean (Martin du G., J. Barois, 1913, p. 258).Lorsque l'enfant sonna, son esprit vaguait ailleurs (...). Le bruit de la cloche le réveilla (Mauriac, Myst. Frontenac, 1933, p. 81).V. intérêt II C ex. de Renan.
2. [Le suj. désigne une pers.] Alors il se trouva penché sur son propre univers, et il vaguait parmi ses pensées indécises (Barrès, Barbares, 1888, p. 207).
Les sergents de ville étaient autorisés à tuer tous ceux d'entre ces animaux [les cochons] qu'ils rencontraient vagants (Balzac, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 312).Les gens vaguants Comme la route, ils ont cent ans; Ils vont de plaine en plaine, Depuis toujours, à travers temps (Verhaeren, Villes tentac., 1895, p. 18).
REM.
Vagant, -ante, adj. et subst. masc.a) Adj., vieilli ou littér. [Corresp. à supra A] Qui vague. Les sergents de ville étaient autorisés à tuer tous ceux d'entre ces animaux [les cochons] qu'ils rencontraient vagants (Balzac, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 312).Var. vaguant. Les gens vaguants Comme la route, ils ont cent ans; Ils vont de plaine en plaine, Depuis toujours, à travers temps (Verhaeren, Villes tentac., 1895, p. 18).b) Subst. masc., vx. [Sous la forme vagant] α) Marinier chargé de recueillir les débris des naufrages (d'apr. Nouv. Lar. ill.). β) Vagabond qui pille les objets que la mer rejette sur son rivage (d'apr. Littré).
Prononc. et Orth.: [vage], (il) vague [vag]. Homon. et homogr.: vague1, 2, 3 et 4; vaguer2. Étymol. et Hist. 1. Mil. xiiies. agn. errer vacuand « errer à l'aventure » (Miracle de la Ste Vierge, éd. H. Kjellman, LX, 6, p. 264); ca 1380 vaguer (Roques t. 2, no12893); 2. a) ca 1380 « discourir deçà et delà » (ibid., no12891); b) 1588 [éd.] « se porter sans cesse d'un objet sur un autre sans pouvoir se fixer » (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 515: Ponticus ne fait que vaguer entre les avis); 3. xives. [ms. xvies.] « (de choses) se mouvoir en tous sens, flotter » (Lanfranc, fo108 ds Littré). Empr. au lat. class.vagāri « errer, aller çà et là » lui-même dér. de vagus (v. vague1). Fréq. abs. littér.: 131. Bbg. Quem. DDL t. 31.

VAGUER2, verbe trans.

REM. 1.
Vaguage, subst. masc.,brass. Opération consistant à vaguer la bière (d'apr. Lar. Lang. fr.).
2.
Vague, subst. fém.,brass. ,,Sorte de râteau dont se servent les brasseurs`` (Mots rares 1965).
Prononc. et Orth.: [vage]. Homon. et homogr. vague1, 2, 3 et 4; vaguer1. Étymol. et Hist. 1751 (Encyclop. t. 2, p. 403b, s.v. brasserie). Dér., à l'aide de la dés. -er, de vague « râteau dont se servent les brasseurs pour remuer la bière » (1577, doc. Douai ds Gdf. Compl.; 1723, Savary ds FEW t. 17, p. 449b), empr. au flam. wage « levier ». Voir FEW, loc. cit.

VAGUE4, subst. fém.

Paumé comme un rat!... Je retourne encore un coup mes vagues... Je recommence! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 224).Vous étiez certain, passé dix plombes, de vous faire retourner les vagues par les malfrats (Pt Simonin ill., 1957, p. 287).Pourquoi la savate?Et si elle me vague par surprise à l'ouverture? Je carre les bafouilles dans leur cachette définitive après la toilette...Mais elle va vous fouiller encore plus minutieusement que d'habitude! (A. Sarrazin, La Cavale, 1965 [1962], p. 271).Ali (...) se frotta les narines, se vagua (...) il ramena le petit packson de coco. Il s'en bourra le tarin (Le Breton, Rififi, 1953, p. 87).C'est pas les planques qui manquaient dans la strasse. Ils avaient beau les vaguer une à une, glisser leurs paluches dans les moindres recoins (Le Breton, Rififi, 1953, p. 99).
REM.
Vaguer, verbe trans.,arg. a) Fouiller les poches de (quelqu'un). − (...) Le soir, je fais l'emballage là-haut, le matin je descends ça tranquillement dans ma savate... Pourquoi la savate?Et si elle me vague par surprise à l'ouverture? Je carre les bafouilles dans leur cachette définitive après la toilette...Mais elle va vous fouiller encore plus minutieusement que d'habitude! (A. Sarrazin, La Cavale, 1965 [1962], p. 271).Empl. pronom. réfl. Ali (...) se frotta les narines, se vagua (...) il ramena le petit packson de coco. Il s'en bourra le tarin (Le Breton, Rififi, 1953, p. 87).b) P. ext. Fouiller. C'est pas les planques qui manquaient dans la strasse. Ils avaient beau les vaguer une à une, glisser leurs paluches dans les moindres recoins (Le Breton, Rififi, 1953, p. 99).
Prononc. et Orth.: [vag]. Homon. et homogr. vague1, 2, 3. Étymol. et Hist. 1889 arg. (arg. des voyous d'apr. Esn. 1965); cf. 1901 (Bruant, s.v. poche). Dér. par apocope de vaguenaude « poche de vêtement », attest. en 1880 (?) d'apr. Esn. 1965, lui-même var. de baguenaude1* au sens de « poche » (dep. 1866, Delvau, p. 20); v. aussi Cellard-Rey.
Source : CNRTL

Wiktionnaire

Français

Verbe 1

vaguer \va.ɡe\ intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Errer çà et là, aller de côté et d’autre à l’aventure.
    • Comme ricana le fou qui vague, chaque nuit, par la cité déserte, un œil à la lune et l'autre — crevé! — (Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, 1842)
    • Point de chaises dans la grande nef ; à peine cinq ou six personnes à genoux, ou vaguant comme des ombres silencieuses. — (Hippolyte Taine, Carnets de voyage : Notes sur la province, 1863-1865, Hachette, 1897)
    • […] et les libations en l'honneur du brave Coignet furent multipliées pendant toute l'après-midi. Le soir, on mangea la soupe à la jacobine; puis on vagua toute la nuit dans les promenades d'Auxerre. — (Anonyme, Notice, sur Les Cahiers de Capitaine Coignet, dans Les Veillées populaires, n° 2, le 23 novembre 1899, page 2, Paris : Librairie Hachette)
    • Un point blanc vaguait de droite et de gauche, disparaissant parfois au milieu des touffes de roseaux. Anne reconnut un chien et, l’ayant cherché avec plus d’attention, elle aperçut le chasseur. — (Pierre Benoit, Mademoiselle de la Ferté, Albin Michel, 1923, réédition Cercle du Bibliophile, page 29)
    • Au British Muséum où Gabion vague, il rencontre Esterhazy qui a prudemment traversé le détroit peu de temps après le suicide d'Henry. — (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942)
  2. (Sens figuré) Errer sans plan ni structure, en parlant d'idées.
    • Laisser vaguer ses pensées, son imagination.
    • Ainsi vaguait ma pensée et elle buta tout à coup sur ceci : « Il n’y aura plus que moi, je serai seul à Maltaverne, face à maman. » — (François Mauriac, Un adolescent d’autrefois, Flammarion, 1969, page 90)
    • Les textes administratifs n’avaient pas la vertu d’enivrer Frédéric. Aussi se laissa-t-il vaguer hors des lignes, par les voies dévoyantes de la rêverie. — (Richard Jorif, Le Burelain, éditions François Bourin, 1989, page 23)

Verbe 2

vaguer \va.ɡe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (Argot) Fouiller.
    • On a même pas pensé à le vaguer, j'ai remarqué; il peut avoir des choses à pas lui laisser traîner dans les fouilles. — (Albert Simonin, Le cave se rebiffe, Série noire, 1954, page 84)
    • Ces enculées de gonzesses m'ont vagué... — (Alphonse Boudard, Les matadors, 1966)
  2. Dans une brasserie, remuer le moût avec une vague. (sorte de râteau spécial). Procéder au vaguage.
    • En terme d'art, l'action mécanique s'appelle vaguer, et l'ensemble des opérations du vaguage se nomme infusions, comme les produits qui en sont le résultat. — (F. Rohart, Traité théorique et pratique de la fabrication de la bière, tome 1, Éd. Librairie agricole de la maison rustique, 1848)

Anagrammes

→ Modifier la liste d’anagrammes

  • gaveur
  • vargue
Source : Wikitionnaire

Littré (1872-1877)

vaguer [1]

(va-ghé), je vaguais, nous vaguions, vous vaguiez ; que je vague, que nous vaguions, que vous vaguiez v. n.
  • 1Errer çà et là, aller de côté et d'autre à l'aventure. Il fut défendu de laisser vaguer des pourceaux dans les rues [de Paris, où un porc avait causé la mort d'un fils du roi], Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. III, p. 206, dans POUGENS.
  • 2 Par extension, n'être pas fixe. Si les couleurs semblent vaguer dans l'air, si elles s'affaiblissent peu à peu, si enfin elles se dissipent, c'est que… le mouvement qui reste dans le nerf… se ralentit, Bossuet, Conn. III, 6.
  • 3 Fig. Il se dit des pensées, de l'esprit qui ne se fixent pas. Celui-là se présente à vous par coutume ou par bienséance, et il laisse vaguer ses pensées sans que vos discours arrêtent son esprit distrait, Bossuet, le Tellier. Laissez vaguer votre imagination, Bossuet, Lett. abb. 176.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

HISTORIQUE

XIIe s. Et nos savons ke li maligne espir ki del secunt ciel sont chaüt [tombés], vajent en cest moien ciel ki est entre celui et la terre, ce est l'air, Job, p. 500.

XIVe s. Je dy que chascun de ces deux a sa diverse oppinion, pour ce qu'il vaguent seulement en leurs experimens, et n'ont cure de la juste raison, Lanfranc, f° 15. Met [mets] plusieurs coisinés [coussinets] d'estoupes sous la plieure [du jarret, dans la luxation du genou], afin qu'elle ne puisse vaguer nulle part, Lanfranc, f° 108.

XVIe s. L'isle de Delos, estant auparavant vagante, Montaigne, II, 197. L'esprit humain ne se sçauroit maintenir, vaguant en cet infini de pensées informes, Montaigne, II, 246. Il ne faut pas à mon advis, que le sentiment exterieur vague et rage à son plaisir, comme une chambriere dissolue et mal apprise, Amyot, De la curios. 20.

Source : Dictionnaire Littré

Étymologie de « vaguer »

(Verbe1) Du latin vagor (« errer »),
(Verbe2) De vagus (« vague »).
Source : Wikitionnaire

Prov. vagar, vaguar, vajar ; esp. vagar ; ital. vagare ; du lat. vagari, dénominatif de vagus.

Source : Dictionnaire Littré

Phonétique du mot « vaguer »

Phonétique Prononciation
France : écouter « vaguer [va.ge] »
France (Lyon) : écouter « vaguer »
Source : Wikitionnaire

Fréquence d'apparition du mot « vaguer »

Source : Google

Traductions du mot « vaguer »

Langue Traduction
English wander
German vagieren
Spanish wander
Portuguese vaguear
Italian vagare
Dutch zwerven
Polish wędrówka
Russian блуждать
Source : DeePL

Synonymes de « vaguer »